Où le voyage de Dracula entre la Transylvanie et l’Angleterre

Le Déméter entre dans le port de Whitby en pleine tempête. À bord du navire sans équipage, le capitaine gît, sans vie, attaché au gouvernail tandis que, dans la cale, dorment de mystérieuses caisses pleines de terre. C’est ainsi que Dracula, dans le roman de Bram Stoker, arrive à Londres.
À partir des quelques lignes retrouvées dans la poche du capitaine, José Luis Zarate reconstruit la tragédie de la traversée.
La brûlure du soleil, la morsure du sel, la promiscuité exacerbent les sensations. Le capitaine, rongé de désir, rêve de goûter à la peau et au corps de ses hommes. Le vampire boit leur sang, mais le désir est une soif que rien n’étanche. Du pont à la cale, des appétits refoulés à la jouissance sans entraves, José Luis Zarate revisite brillamment la figure du vampire, cette insatiable machine désirante.


couv63585442Découvert par hasard sur un blog qui en avait fait l’éloge, j’attendais beaucoup du livre. Je visualisais le livre comme une forme d’hommage à la littérature gothique de la fin du XIXe où noirceur et forme d’érotisme se mêle.

Sur ce point, je n’ai pas été déçu. C’est sombre, autant dans l’ambiance que dans les couleurs et l’image d’un bateau devenant fantôme à de quoi marquer. La terreur arrive progressivement et n’est pas sans rappeler l’œuvre majeur qu’est Dracula de Bram Stocker. Mais voilà, au-delà de l’ambiance, le reste est majoritairement plat.

« Chaque matelot qui m’accompagne pour la première fois représente une nouvelle opportunité. On a toujours besoin de sang neuf »

J’ai eu du mal à me sentir concerné et intégré à l’histoire. Pourtant, l’idée du carnet de bord permettait cela, mais les réflexions parfois philosophiques du capitaine (l’homme vie un vrai cauchemar, mais prend le temps de divaguer) m’ont lassé. J’ai, pour la plupart du temps, lu ses pages en diagonal tellement je me suis ennuyée. C’est vraiment dommage, car le potentiel du livre est là, et il est devenu presque addictif passé la première moitié. Les hommes sentent que quelque chose est sur le navire sans arriver à la voir. Je trouve d’ailleurs que le fait de ne pas voir, si s’avoir, est encore pire ! Le cerveau est capable d’imaginer les choses les plus horribles.  Et une fois ceux-ci disparaissant les uns après les autres, la terreur devient palpable. De plus, la présence d’un érotisme marqué (qui pourra peut-être gêner certains) accentue encore plus le côté gothique du livre.

« Je ne peux pas leur dire que moi aussi, j’avais un pressentiment, car imaginer qu’une peur infondée puisse se matérialiser en quelque chose qui nous saute à la gorge n’a pas de sens ».

Dans l’ensemble, c’est un livre plutôt moyen où les réflexions philosophiques m’ont vraiment ennuyée. Mais l’ambiance glauque, sombre avec des personnages oscillant entre peur et folie est un vrai plaisir.


Edition Actes Sud 

Note 14/20

168 pages 


 


4 réponses à « La Glace et le Sel – José Luis Zarate »

  1. Avatar de flyingelectra
    flyingelectra

    Ah zut, dommage s’il retombe à plat – je dois encore lire Dracula (j’ai vu des adaptations mais j’ignore si le livre est plus effrayant)

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    1. Avatar de Ségolène
      Ségolène

      Le livre est effrayant mais plus dans son ambiance 🙂 Pour ça, je trouve que la version de Coppola à plutôt bien retranscrit cette ambiance un peu glauque.

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      1. Avatar de flyingelectra
        flyingelectra

        Ok j’ai vu celui-ci brrrr

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  2. Avatar de Bilan Août 2017 – Uranie

    […] José Luis Zarate – La Glace et le Sel […]

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