Comprendre le traumatisme
Dès qu’il franchit le seuil de l’unique pub ouvert dans ce trou perdu d’Irlande, l’étranger suscite la fascination. Vladimir Dragan est originaire du Monténégro. Il entend s’établir comme guérisseur. On lui trouve un logement, un cabinet médical, et sa première cliente, une des quatre nonnes du lieu, sort de sa séance totalement régénérée. Rien d’étonnant à ce que Fidelma, très belle et mariée à un homme bien plus âgé qu’elle, tombe sous le charme. L’idylle s’interrompt quand Dragan est arrêté. Recherché par toutes les polices, il a vécu à Cloonoila sous un faux nom. Inculpé pour génocide, nettoyage ethnique, massacres, tortures, il est emmené à La Haye, où il rendra compte de ses crimes. Le titre choisi par Edna O’Brien s’éclaire alors, ainsi que l’introduction rappelant que 11 541 petites chaises rouges avaient été installées à Sarajevo en 2012 pour commémorer la mémoire des victimes du siège.
Derrière ce titre énigmatique, se cache la commémoration d’un drame. Difficile d’écrire après avoir refermé le livre, car réellement, je ne sais quoi en penser. Dans Les petites chaises rouges on traite du sujet, parfois difficile, du traumatisme de guerre. De la guerre en tant que telle et de ses dommages pendant et surtout après. De ce que ça peut produire sur une conscience humaine et les personnes gravitant autour d’elle.
L’action, d’abord centrée sur le Dr Vlad finit par glisser doucement vers une femme. Une seule. Celle qui va chercher à comprendre et tenter de savoir s’il y a un peu de bonté dans ce Dr et s’il prend vraiment conscience des horreurs qu’il a commis.
A la télévision, un ou deux parlèrent de lui comme un poète guerrier qui avait toujours eu une conviction mystique de son rôle dans l’histoire.
L’auteure ne cherche pas à appuyer sur l’horreur par pur plaisir malsain, et même si certains passages restent dur, ceux-ci sont nécessaires. D’abord pour comprendre ce docteur, mais aussi pour comprendre les personnages environnements qui souffrent encore. Nous sommes très loin d’une violence gratuite et elle est même plutôt rare dans le livre. Les chapitres, court, souvent centré sur un personnage, un fait ou une pensée aide à la compréhension. J’ai particulièrement aimé cette forme de chapitre qui insuffle du rythme, et même s’il y a quelques longueurs parfois, elles sont vites oubliées.
Enfin, étant née en 1992, je n’avais aucune connaissance de la guerre en Bosnie et surtout du siège de Sarajevo. Le livre rempli donc sa mission d’hommage et de porter la guerre à taille humaine. De plus, il est servi par une écriture simple et imagé. Un livre à lire donc qui possède très peu de défaut.
Edition Sabine Wespieser
Page 367
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